arguments du OUI |
voter contre ce projet de Constitution européenne, c'est voter contre l'Europe |
FAUX ! Vous n'êtes pas appelés à voter "pour" ou "contre"
l'Europe. Vous êtes appelés à vous prononcer "pour" ou "contre" ce projet
précis de Constitution européenne. Dès lors, la seule question qui se pose
pour vous est de savoir si vous approuvez ou non son contenu et seulement
celui-ci.
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le rejet du projet de Constitution européenne entraînerait un blocage de l'Union européenne |
FAUX ! En cas de rejet de ce projet de Constitution
européenne, les précédents traités (Maastricht, modifié par Amsterdam et
Nice) restent en vigueur; en toute hypothèse, il n'y a donc
pas de vide juridique.
De toute façon, les réformes institutionnelles du traité de Nice,
négocié par Jacques Chirac et Lionel Jospin, resteront en vigueur jusqu'au 1er novembre 2009 voire jusqu'au 1er novembre 2012. Ce qui laisse
potentiellement le temps de négocier un autre traité européen.
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ce projet de Constitution européenne n'est ni de droite ni de gauche |
NI VRAI NI FAUX ! Tout dépend de la définition que l'on donne à la droite et à la gauche.
Des partis de droite (UMP, UDF) comme de gauche (PS) soutiennent ce projet de Constitution européenne; en ce
sens, il n'est effectivement ni de droite ni de gauche.
Ces partis de gouvernement (PS, UDF, UMP) soutiennent tous, depuis 1983,
l'orientation néo-libérale et monétaristes de la construction européenne
(marché unique européen, libéralisation des services publics, interdiction
des aides de l'État, indépendance
de la Banque centrale européenne, Pacte européen de stabilité...). C'est
cette orientation politique qui est reprise dans le projet de Constitution
européenne; en ce sens, ce projet de Constitution européenne n'est pas
politiquement neutre : il est bien politiquement
orienté.
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ce projet de Constitution européenne permettra à l'Europe de peser face aux États-unis d'Amérique |
FAUX ! Ce projet de Constitution européenne précise que la
politique de sécurité et de défense commune "n'affecte pas le caractère
spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États
membres, elle respecte les obligations découlant du traité de l'Atlantique
Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune
est réalisée dans le cadre de l'OTAN et elle est compatible avec la
politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre"
(article I-141).
Il ne s'agit donc pas de l'émergence d'une "Europe européenne" ou d'une
"Europe-puissance" indépendante des États-unis d'Amérique.
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la Charte des droits fondamentaux marque une réorientation sociale de la construction européenne |
NI VRAI NI FAUX ! C'est vrai car l'inscription
dans la Constitution européenne de la Charte des droits fondamentaux,
proclamée le 7 décembre 2000, lui confère une valeur juridique.
Mais cette valeur juridique est doublement limitée :
en raison du champ d'application de la Charte :
l'obligation de respecter la Charte s'impose aux États membres
"uniquement lorsqu'ils mettent en oeuvre le droit de l'Union" (article II-111)
en raison du contenu de la Charte :
pour l'essentiel, la Charte ne fait que reprendre les droits de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales ...déjà
ratifiée par tous les États membres !
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Airbus et Ariane Espace sont des exemples de réussites de l'Union européenne |
FAUX ! L'Union européenne n'est à l'origine ni d'Airbus ni
d'Ariane Espace. Ces deux programmes relèvent en effet de la libre
coopération entre états
souverains et non de la construction d'une Europe supranationale.
L'article I-44 du projet de Constitution européenne institue des
coopérations renforcées si "au moins un tiers des États membres y
participent". C'est-à-dire, actuellement, huit
états sur vingt-cinq. Or
seuls quatre États membres de l'Union européenne participent au programme
Airbus (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne). Tandis que, parmi les
dix-sept états participant
à l'Agence spatiale européenne, deux ne sont pas membres de l'Union
européenne (Suisse et Norvège).
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ce projet de Constitution européenne prévoit un statut juridique pour les services publics |
FAUX ! Ce projet de Constitution européenne ne
crée pas un cadre juridique pour les services publics*, dont les directives
européennes, acceptées par les gouvernements de droite comme de gauche,
demandent la libéralisation, mais prévoit seulement à l'article III-122 un
cadre juridique pour les
services d'intérêt économique général (SIEG). Contrairement aux services
publics, l'État ne peut pas accorder aux services économiques d'intérêt
général des aides (article III-167) et ces derniers sont soumis aux règles
de la concurrence, dans la mesure où celles-ci ne font pas échec à leur
mission d'intérêt général
(article III-166).
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ce projet de Constitution européenne institue un droit d'initiative citoyenne |
FAUX ! Le quatrième alinéa de l'article I-47 du projet de
Constitution européenne n'institue pas un droit d'initiative populaire
mais seulement un droit de pétition auprès de la Commission européenne; ce
droit existe déjà auprès du
Parlement européen. Il ne s'agit pour la Commission européenne que d'une
obligation de prendre connaissance d'une pétition et non d'y donner suite,
le monopole de l'initiative législative étant conservé par la seule
Commission européenne.
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arguments du NON |
voter contre le projet de Constitution européenne c'est censurer le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin |
FAUX ! La question posée aux Français concerne uniquement
le traité constitutionnel européen. Que le "oui" ou que le "non" soit
majoritaire ne préjuge en aucun cas d'un éventuel changement de premier
ministre au lendemain du référendum.
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voter contre le projet de Constitution européenne c'est s'opposer à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne |
FAUX ! La question de l'adhésion de la Turquie n'a rien à
voir avec le projet de Constitution européenne. L'Union européenne a en
effet déjà décidé que les négociations d'adhésion de la Turquie
débuteront officiellement le 5 octobre 2005.
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la Constitution européenne interdira à la France de mener sa propre politique étrangère |
FAUX ! Dans le projet de Constitution européenne, les décisions européennes en matière de politique
étrangère et de sécurité commune continuent à être adoptées par le Conseil européen
statuant à l'unanimité (articles I-40 et III-300).
Mais, si une décision européenne
en matière de politique étrangère et de sécurité commune est adoptée, les
États membres doivent ensuite veiller "à la conformité de leurs politiques
nationales avec les positions de l'Union" (article III-298). Enfin, "au
sein des organisations internationales et lors des conférences
internationales auxquelles tous les États membres ne participent pas, ceux
qui y participent défendent les positions de l'Union"
(article III-305 § 1). C'est notamment le cas au sein de l'ONU où, par ailleurs, "lorsque l'Union a défini une
position sur un thème à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations
unies, les États membres qui y siègent demandent que le ministre des
Affaires étrangères de l'Union soit invité à présenter la position de
l'Union" (article III-305 § 2).
Concrètement, la Constitution européenne n’aurait ni obligé la
France à participer à la guerre en Irak, ni interdit à Dominique de
Villepin de prononcer son discours à l’ONU. Mais, préalablement mise en
minorité au sein de l’Union, la voix de la France aurait certainement été
affaiblie sur la scène internationale.
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la Constitution européenne marque une réorientation libérale de la construction européenne |
FAUX ! L'orientation néo-libérale et monétariste de la
construction européenne ne date pas de la rédaction de ce projet de
Constitution européenne. Ce dernier ne fait que la reprendre en lui
conférant une valeur constitutionnelle. Ce qui pose en soi un problème
démocratique, puisqu'une Constitution
n'est pas censée déterminer une politique économique (quelle qu'elle soit)
mais seulement fixer un cadre institutionnel.
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la Constitution européenne oblige la privatisation des entreprises publiques |
FAUX ! L'article III-245 précise que "la Constitution ne
préjuge en rien le régime de la propriété dans les États membres". Cela signifie que le projet de Constitution européenne
n'interdit pas de nationaliser et n'oblige pas à privatiser.
Ce qui, en revanche, est interdit par les directives européennes, ce sont les services publics* à la française (une entreprise publique,
en situation de monopole, chargée d'une mission de service public, et
recevant, à ce titre, des aides de l'État).
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la directive Bolkestein est inscrite dans le projet de Constitution européenne |
NI VRAI NI FAUX !
Tout dépend ce que l'on reproche à la directive de Frits Bolkestein sur la
libéralisation des services.
Le principe du pays d'origine n'est pas explicitement mentionné dans le
projet de Constitution européenne; en ce sens, la directive Bolkestein n'est pas
inscrite dans le projet de Constitution européenne.
La libéralisation du marché des services fait l'objet de la sous-section 3
("liberté de prestation de services") du chapitre consacré au marché
intérieur; en ce sens, la directive Bolkestein est inscrite dans le projet
de Constitution européenne.
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